Axe de recherche 3

Depuis toujours au cœur du système électrique, le transport et la distribution doivent aujourd’hui faire face à un changement important de leur rôle. Leur activité évolue de la gestion d’infrastructures physiques, techniquement complexes, certes, mais gérables selon des protocoles bien établis vers une participation dans la cogestion des infrastructures institutionnelles et économiques du marché électrique tout entier. Interconnexions, marchés de capacité et des réserves, intégration de renouvelables décentralisés et intermittents, il n’est guère un aspect du marché électrique ou la question de la construction, du financement et de la gestion des réseaux ne joue pas un rôle. Entre l’Europe d’un côté et les collectivités locales et les particuliers de l’autre, les activités de transport et de distribution sont également exposées à de nouvelles demandes qui mèneront à terme à une réorganisation de leurs activités et de leur mode de fonctionnement.

En outre, l’assouplissement de la courbe de demande d’électricité est un phénomène récent qui est en train de prendre de la vitesse, ce qui va transformer ultérieurement le transport, la fourniture, la distribution et la consommation de l’électricité. Après l’intégration des technologies de l’information et de la communication dans les réseaux de transport, leur intégration progressive dans les réseaux de distribution et les points de consommation présage un changement qualitatif dont ni les acteurs, ni les régulateurs n’ont encore pris la pleine mesure.

Du côté des réseaux de transport et des interconnexions, les gestionnaires ont entamé depuis plusieurs années une mutation technologique et informationnelle importante et sont aujourd’hui stabilisés à un haut niveau. Du côté des réseaux de distribution et de la « boucle locale », fournisseurs, régulateurs et producteurs se préparent au financement et à la mise en place d’un saut technologique et structurel. Ceci inclura l’évolution des modes de consommation, l’effacement, le stockage et la fourniture de micro-capacités de production souvent avec des « business models » encore à inventer. Gestion des moyens industriels à distance, tarification en temps réel en fonction du marché de gros, compteurs intelligents ne sont que quelques-uns des instruments pour générer une plus grande perméabilité entre les marchés de gros et les consommateurs finaux.

Quoique l’incertitude sur les différents scénarios possibles soit grande, le développement de réseaux intelligents permet aujourd’hui d’envisager également une meilleure intégration de renouvelables décentralisés intermittents au système électrique surtout au niveau local. Un tel développement promet aussi à terme de rendre partiellement active la demande (jusqu’ici passive face aux prix du marché électrique) aux bénéfices des consommateurs, d’améliorer la sécurité de fourniture aux différents étages du système électrique et enfin d’améliorer la productivité des réseaux de distribution (économies d’investissements, gestion des relevés, etc.). Les réflexions se font dans deux directions (1) les règles à instaurer pour partager les coûts et les bénéfices de la transformation des fonctionnalités du réseau de distribution entre producteurs, distributeurs, fournisseurs et agrégateurs et les consommateurs, (2) les modalités possibles du développement d’une tarification dynamique et d’une réglementation incitative des activités de distribution et de fourniture. A nouveau la Chaire EEM s’engagera en particulier dans l’étude coûts-bénéfices entre gains d’efficacité, coûts d’investissement et facilité de gestion.

Au-delà de l’étude formalisée des évolutions en matière de transport, interconnexions, distribution et gestion de la demande, l’axe 3 maintiendra une veille systématique sur les nouveaux développements technologiques et régulateurs qui sont en cours ou se dessinent dans les domaines de la distribution, des réseaux intelligents, du stockage et de la gestion de la demande. Ceci inclut les politiques européennes et nationales pour l’amélioration de l’efficacité et de la sobriété énergétique et leurs implications pour les domaines de la production, du transport et du négoce de l’électricité.

Les engagements annuels de l’axe 3 :

La publication d’un article d’analyse formalisée sur l’évolution des métiers du transport, de la fourniture, de la distribution ou de la consommation de l’électricité dans une revue à comité de lecture
L’organisation de deux séminaires thématiques sur l’évolution de la distribution, du stockage et de la gestion de la demande électrique ainsi qu’une activité soutenue de suivi des manifestations et des travaux d’autres acteurs
La publication d’une note de synthèse annuelle (30-40 pages) sur l’évolution de la distribution, du stockage et de la gestion de la demande électrique
L’intégration d’un doctorant dont les recherches portent sur les évolutions du transport, de la distribution ou de la maîtrise de la demande.